Source [Le Figaro] : FIGAROVOX/ENTRETIEN – Vendredi 19 juin, par suite d’une ordonnance suspendant un arrêté interministériel leur imposant de vérifier l’âge de leurs utilisateurs, plusieurs sites pornographiques ont fait leur retour en France. Leurs propriétaires s’engouffrent habilement dans les failles de notre droit, alerte le juriste Nicolas Bauer.
Nicolas Bauer est chercheur associé au European Centre for Law and Justice (ECLJ), organisation non gouvernementale qui est intervenue en tant que tierce partie dans une centaine d’affaires à la CEDH.
LE FIGARO. – Vendredi 20 juin, à la suite d’une décision favorable du tribunal administratif, le groupe Aylo annonçait que ses sites (YouPorn, Pornhub et RedTube) seraient de nouveau accessibles en France. Pouvez-vous nous rappeler la chronologie et les raisons de ce retrait très temporaire ?
Nicolas BAUER. – La loi française interdit de diffuser de la pornographie lorsque celle-ci est susceptible d’être vue par un mineur (article 227-24 du Code pénal). Or, non seulement la pornographie est très facilement accessible, mais la première exposition à la pornographie est accidentelle pour 40 à 70% des adolescents. Par conséquent, selon l’ARCOM, 40% des mineurs accèdent à des sites pornographiques chaque mois. Les mineurs représentent en moyenne 12% de l’audience de ces sites, et 17% pour une plateforme comme Pornhub, puis restent généralement consommateurs une fois devenus adultes. Ces réalités montrent que l’interdiction de diffuser de la pornographie aux mineurs n’est pas appliquée.