Dans le cadre d’un numéro spécial intitulé La nouvelle Révolution sexuelle, le Figaro Santé a interviewé Patrice Huerre, pédopsychiatre, psychanalyste et président de l’Institut du virtuel. Extrait :
Quels sont les risques pour ces jeunes?
À 11-12 ans, la plupart du temps, il s’agit d’une confrontation subie. Un aspect traumatique peut advenir puisque l’image fait effraction et est difficilement assimilable pour des non-pubères au corps infantile. Vers 15-16 ans, le visionnage est plutôt choisi, regardé en groupe, il peut faire l’objet de rigolades entre amis. Le rire, parfois défensif, cache toutes les questions que ces ados plus âgés se posent sur la sexualité.
Le porno ferait-il écran, vu comme une fiction, à un intérêt encore mal exprimé?
En bonne santé, les jeunes distinguent la fiction de la réalité, mais en même temps, ces visionnages répondent partiellement, de manière erronée et déformée, aux questions qu’ils se posent sur la relation sexuelle. Ils court-circuitent le temps de la maturation, et aussi le fait que, dans la réalité, l’entrée dans la vie sexuelle est nimbée de mystère. Les scénarios pornos deviennent, chez des ados fragiles, une manière de faire, un mode d’emploi. Certains peuvent arriver à penser qu’ils ne sont pas normaux avec leurs envies ou leurs sentiments. Pour des filles, par exemple, cela peut conduire à un acte sexuel subi pour ne pas perdre ce qui est imaginé comme une histoire d’amour. Elles se font abuser.
Le porno, cela peut être aussi le partage sur les réseaux sociaux…
Les réseaux peuvent faire beaucoup de dégâts avec le détournement d’images volées. Par exemple, celle d’une jeune fille soulevant son tee-shirt, largement diffusée. Se sentir trahie, exposée publiquement, subir les commentaires et les insultes de copains ou de l’entourage est un grave traumatisme à un âge où l’on peut être très fragile, où l’exposition de l’intimité constitue une atteinte à la pudeur. Si le visionnage d’images pornographiques peut déboucher sur des discussions et aboutir à une «métabolisation» progressive, les images volées provoquent, elles, des blessures narcissiques et constituent des atteintes publiques à l’image de soi.
Retrouver la totalité de cet article sur le site du Figaro : La pornographie, néfaste pour les ados ?
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